LA FÊTE RELIGIEUSE

MAKHA BOUXA

La fête du Mâkha Bouça est célébrée à la pleine lune du troisième mois (février) en commémoration de la prédication du Bouddha devant une assemblée de mille deux cent cinquante arahat (saints bouddhiques). Les bonzes se réunissent pour prêcher et les fidèles se rendent à la pagode pour leur offrir des présents et écouter leurs sermons.

D’après Henri Deydier (Introduction à la Connaissance du Laos), en voici l’origine: ” Prés de Vaîsali, dans le bourg de Bélouva, une grave maladie frappa le Bouddha, il était près de la mort. Il songea alors à ses disciples: “Il ne convient pas que j’entre dans le Nirvâna sans avoir conversé avec ceux qui prenaient souci de moi, sans avoir parlé à la Communauté des disciples”. Après leur avoir parlé, il eut la visite de Mâra, le démon bouddhique, et il lui dit: “Ne t’inquiète pas, ô Malin, dans peu de temps ce sera le Nirvâna”.

VISAKHABOUXA

LE VISAKHA BOUXA

Le Visakha Bouça, anniversaire de la naissance de Bouddha, se confond avec le Boun bang fay (fête des fusées) que l’on célèbre à la pleine lune du sixième mois (mai). C’est sans doute la fête la plus originale du calendrier lao, l’une des plus populaires aussi. Son origine est complexe, et l’on ne sait s’il faut y voir l’exaltation du sentiment religieux ou la survivance de coutumes païennes immémoriales. Le Visakha Bouça est en effet la commémoration simultanée de la naissance, de l’illumination et de la mort de Gautama; mais le Boun bang fay, au seuil de la saison des pluies, n’est pas autre chose qu’une invocation au Phagna Thèn (dieu du ciel) en vue d’obtenir la fécondité des rizières et l’abondance des moissons. Quoi qu’il en soit, la fête offre le spectacle d’un peuple en liesse, toutes contraintes sociales momentanément abolies. Les offrandes aux bonzes et l’illumination des pagodes n’y tiennent qu’une place secondaire. La grande affaire est la préparation et le lancement des fusées en bambou. Celles-ci, très effilées et décorées de motifs bariolés, sont chargées de poudre à leur sommet renflé. Cette charge varie de 6 à 24 kilogrammes.

     Dès le matin de joyeux cortège de “phoubao” masqués, méconnaissables sous leurs déguisements, se répandent par la ville, promenant triomphalement des marionnettes burlesques (aujourd’hui interdites) et des pantins articulés en postures suggestives. Chaque maison est envahie par une mascarade hurlante que le propriétaire se met en devoir de désaltérer abondamment. Et la bouteille d’alcool circule de bouche en bouche, sous les quolibets obscènes ou railleurs de la foule, maintenue en haleine par les mimiques délirantes de danseurs grotesques au son des gongs et des tambours sourdement répété.

Vient enfin le moment de lancer les fusées. Tous les cortèges convergent vers le Mékong au bord duquel se dresse un chevalet de bambous: l’allégresse atteint son comble. Sous l’oeil expérimenté des bonzes, artificiers en l’occurrence, les jeunes gens déchaînés s’affairent autour des fusées qui s’élèvent dans un nuage de poudre, déchaînant les lazzi enthousiastes de la foule. Parfois la fusée, trop humide, se refuse à partir, au grand désespoir de son propriétaire, accablé de sarcasmes par ses concurrents. La nuit vient enfin, mais sans interrompre les réjouissances qui ne cesseront qu’au petit jour.

BOUN PHRAVET

LE BOUN PHRA VET

Une des fêtes les plus importantes et les plus en vogue au Laos et dans les pays voisins de religion bouddhique est la fête de Phra Vét, appelée aussi “Mahasat“. Cette fête est célébrée de préférence pendant la saison sèche entre le troisième et le sixième mois, car durant cette période la population lao est libérée des travaux agricoles qui sont ses occupations vitales. A cette période correspond une saison de végétation épanouie où les fleurs diverses ouvrent leurs pétales odorants. Nous, Bouddhistes, nous nous livrons alors aux actes de piété en écoutant le sermon sur la vie de PhraVét (dernière réincarnation du Bouddha). Il s’agit du Jâtaka intitulé Vessantra.

BOUN KHAO PHANSA

KHAO PHANSA

(Entrée du carême bouddhique.)

Commençant à la pleine lune du huitième mois (juillet), le carême bouddhique au Laos, qui se termine à la pleine lune du onzième mois (octobre), marque la période d’abstinence des bonzes. Avant le début du carême, les fidèles se réunis, sent par quartier pour préparer les cierges. Un concours est alors organisé dans un lieu déterminé, où l’on tire au sort le nom de la pagode à laquelle seront offerts les plus beaux. Puis une procession se déroule dans les rues de la ville pour se rendre dans les temples. Mais en province, dans les villages, les fidèles offrent des cierges aux bonzes sans avoir, auparavant, procédé à aucune cérémonie spéciale.

Les deux premiers jours, les religieux se confessent à leurs supérieurs hiérarchiques. Ensuite, pendant toute la durée du carême, ils observent strictement les: règles prescrites par la religion qui, notamment, leur interdit de passer la nuit hors des pagodes.

BOUN HOKHAO PADAPDIN ET HOKHAO SLAK

 

(Fête des morts.)

 

La fête des morts est célébrée deux fois dans l’année, le quatorzième jour de la lune décroissante du neuvième mois (août) et à la pleine lune du dixième mois (septembre). La première, “Hokhao padapdin“, peut être considérée comme la mi-carême bouddhique. Les bonzes reçoivent solennellement l’aumône des fidèles. Ce jour-là, le roi des enfers ” permet aux damnés de revenir sur la terre pour recueillir une part des mérites dédiés par leurs parents. La deuxième, ” Hokhao slâk”, se déroule d’après un cérémonial semblable.

OK PHANSA

(Sortie du carême bouddhique et fête des Eaux.)

  Le carême bouddhique est le temps d’abstinence des bonzes qui commence à la pleine lune du huitième mois (juillet) et se termine à la pleine lune du onzième mois.

Les deux premiers jours du carême, les bonzes et bonzillons se confessent à leurs supérieurs hiérarchiques. Pendant toute sa durée, les bonzes observent strictement les règles prescrites par la religion; il leur est interdit notamment de passer la nuit hors de leur pagode.

  A la pleine lune du onzième mois, les Lao procèdent à une cérémonie, le ” Boun Ok Phansa ” (fête de la fin du carême) ou ” Boun pavârana ” (” Phansa ” dérivé du même mot pâli qui signifie pluie). Cest donc une fête qui est célébrée à la fin de la saison des pluies. “Pavârana” est un mot pâli qui signifie ” consentir à l’avertissement “. Pendant le temps d’abstinence, d’une durée de trois mois, les bonzes qui ont passé leur temps ensemble dans une même pagode ont pu commettre, volontairement ou involontairement, quelques fêtes vis-à-vis de leurs camarades. Ils ont pu les blesser soit en paroles, soit par leurs actes, soit par malentendu. Le jour de la fin du carême, avant de se séparer, ils organisent une assemblée au cours de laquelle ils récitent la formule du au pavârana ” selon laquelle chacun d’eux demande aux autres ce qu’il a fait de répréhensible pendant les trois mois passés ensembles et les prie de lui par pardonner ses fautes. La réconciliation ainsi faite, ils se séparent pour rentrer chacun dans sa pagode.

A l’occasion de la fête de fin du ca rême, les fidèles offrent entre autres choses, des vêtements aux bonzes pour que ces derniers puissent se changer. A cela s’ajoutent l’illumination des pagodes et des maisons, des processions, le lancement sur le fleuve de radeaux illuminés, les courses de pirogues. Ces réjouissances portent également le nom de ” fête des eaux”. Elles sont organisées en l’honneur des naga et des génies tutélaires pour qu’ils accordent aux habitants santé, bonheur et prospérité. Cette illumination constitue un sacrifice en souvenir de la mère des cinq Bouddhas à l’époque où celle-ci s’incarnait en corbeau blanc. L’anecdote suivante en révèle l’origine:    Un corbeau femelle pondit cinq oeufs dans un nid qu’il avait construit sur un arbre au bord d’un fleuve. Un jour, le nid tomba dans l’eau par suite d’un coup de vent et fut entraîné par le courant. Il échoua sur un banc de sable. Une poule, une Nagi, une tortue, une vache et un serpent femelle prirent chacun un oeuf pour le couver. 

 

BOUN OK PHANSA

Il en sortit cinq garçons. Devenus grands et connaissant leur origine, ils en furent honteux et se firent anachorètes, vivant séparés les uns des autres. Il arriva un jour où, allant à la recherche des fruits dans la forêt, ils se rencontrèrent. Ils se révélèrent alors leur origine et c’est ainsi qu’ils surent qu’ils étaient nés de la même mère: le corbeau blanc. Ils souhaitèrent voir celle qui leur avait donné le jour. La mère corbeau devenue ” phrom ” , ayant pressenti le voeu de ses enfants, descendit du ciel et se présenta à eux sous sa forme première. Elle leur recommanda, pour témoigner leur reconnaissance envers elle, de lui faire chaque année un sacrifice, à la pleine lune du onzième mois et d’allumer pendant la nuit des ” pathip ” lampions composés de godets remplis de graisse où sont trempées des mèches en forme de pattes de corbeau.

La tradition veut que les maisons des particuliers soient à l’occasion de la fête de la fin du carême bouddhique illuminées avec des ” pathip”; mais néanmoins, on utilise de nos jours des cierges, des bougies, des lampes à pétrole, des lanternes et même des ampoules électriques.

BOUN THAT LUANG

BOUN THAT LUANG LES FETES DU DOUZIEME MOIS

Le roi Açoka donna une grande fête, après l’achèvement des quatre-vingt-quatre mille reliquaires qu’il avait fait élever pour recueillir les cendres du Bouddha. A la pleine lune du douzième mois, en souvenir de ce geste pieux, ont lieu les fêtes du That Luang.

    La cérémonie du Serment. – Parmi les choses de ce monde, les éléments éternels sont l’eau et la terre. Les bouddhistes, après avoir célébré une fête, procèdent au ” yâtnam “, cérémonie qui consiste à verser de l’eau, goutte à goutte, sur la terre. L’eau et la terre sont témoins de la bonne action des pratiquants, à qui elles accordent longue vie. Cette croyance encourage les gens à faire le bien et à éviter le mal, car ceux qui font le bien ou le mal subiront les conséquences heureuses ou fâcheuses de leurs actes.

 

Celui qui prête serment invoque les puissances de la terre et du ciel et les prend à témoin de son action; puis il déclare être de bonne foi et boit l’eau du serment. S’il s’agit d’un homme moralement parjure, cette eau le rendra misérable et il mourra de mort accidentelle (choléra, chute, noyé, foudroyé, mordu par un serpent, tué par les armes ou par les animaux féroces).

Les anciens rois ayant constaté que certains de leurs sujets n’étaient pas d’un loyalisme absolu, leur faisaient prêter serment de fidélité. De là est née la cérémonie de la prestation du serment qui était célébrée deux fois par an: le petit serment, qui avait lieu au cinquième mois (avril), à l’occasion du Nouvel An, a été supprimé au début de l’année 1949, car il faisait double emploi avec le grand serment. Ce dernier, célébré le quatorzième jour de la lune croissante du douzième mois, est appelé Grand Serment en raison de son importance. Des délégations venant de tous les Muongs et des chefs-lieux de province y assistent.

    Les fêtes du That Luang– Le That Luang (grand mausolée) situé à trois kilomètres à l’est de Vientiane, a été édifié, en 1566, par le roi Setthathirat. Il aurait été bâti sur une petite tour construite au XIIIe siècle, qui renfermait, affirme la tradition, un cheveu du Bouddha et des trésors fabuleux. C’est dans la cour du That que le marchand hollandais Van Wuysthoff, ambassadeur du gouvernement général des Indes néerlandaises, fut reçu en audience, le 16 novembre 1641, par le roi Souligna Vongsa, entouré de sa cour. Les fêtes sont célébrées chaque année à la pleine lune du douzième mois.